❖ Culte
L'histoire de ce culte est assez complexe car le Dionysos classique offre deux aspects:
1) c'est un dieu national, champêtre et populaire, le dieu du vin, et, comme tel, honoré de tout temps en pays grec;
2) c'est un dieu des extases et des mystères, dieu étranger, originaire de Thrace et d'Asie Mineure, introduit en Grèce au VIe siècle avant notre ère.
Il avait des temples dans tous les pays grecs et des fêtes, les Dionysies. Le culte de Dionysos a eu, en Grèce, une influence considérable: il a beaucoup contribué à introduire, dans la religion, le sens du mystère; dans la poésie lyrique, le sentiment de la nature; dans les arts plastiques, le mouvement passionné. Plusieurs genres littéraires en sont sortis: poésies orphiques, dithyrambe, et tout le théâtre.
Certains auteurs chrétiens dénoncent les turpitudes des fêtes en son honneur.
Les phallus, érigés en l'honneur de Bacchus dans toutes les villes, font allusion à cette infamie. « Ceux qui ne fêtent point ce dieu et ne chantent point d'hymnes en son honneur, dit Héraclite, sont outragés dans leurs parties secrètes avec la dernière indécence. » Voilà ce Bacchus qu'on honore par des transports de fureur et de délire, moins, je crois, pour le plaisir de l'ivresse que pour se conformer à l'usage de ces honteuses cérémonies, qui furent établies en mémoire de certains mystères de débauche.
Clément d'Alexandrie, Exhortation aux Grecs, Livre II, chapitre 5.
❖ Arts
On se le représentait suivi d'un joyeux cortège, où figuraient les satyres, les silènes, Pan, Priape, les Ménades, les Thyiades, les Bacchantes, etc.
Les artistes lui ont prêté plusieurs types: d'abord le type barbu et largement drapé; c'est le plus ancien, exclusif à l'époque archaïque, rare depuis le IVe siècle.
Sa tête couronne un pilier ou un hermès. Les vases peints le montrent couronné de pampres, tenant le thyrse, la patère ou le canthare; c'est un homme dans la force de l'âge, d'allure plutôt grave.
L'époque classique
avancée popularise le type juvénile, imberbe, plus libre en ses mouvements,
vêtu plus court, d'une simple peau, voire nu. L'art hellénistique se plaît
à retracer son enfance, ainsi que les sarcophages romains, lesquels reprennent
à satiété le thème de son triomphe dans l'Inde.
Le statuaire le rapproche souvent d'Ariane, Eros, Pan et quelques nymphes ou Silène.
Le troisième type correspond à un homme d'âge mûr, ventripotent, de facture beaucoup plus récente
❖ Sources antiques
- Apollodore, Bibliothèque: II,2,2 ; III,4,3 ; V,1,1
- Nonnos, Dionysiaques: I,4; IX,1; XV,91; XVI,265; XVI,400; XXXI, 186; XLVIII,234; XLVIII,621 sqq; XLVIII, 928 sqq.
- Hésiode, Théogonie: 940 sqq
- Homère, Iliade: VI,129
- Ovide, Métamorphoses: III,259 ; III,581 ; IV,512 ; V,39
- Pausanias, Périégèse: I,44,7 ; II,37,5 ; III,24,3 ; IX,5,2 ; IX,34,7
- Virgile, Géorgiques: II,380
- A consulter : Sémélé, Ariane, Althée, Silène