Le Grenier de Clio : Mythologie romaine.

Flamine

Les flamines étaient des prêtres attachés au culte d'une divinité particulière.

Flamine
Flamine coiffé de l'apex

C'est pourquoi au titre commun de flamine s'ajoutait une épithète tirée du nom de la divinité qu'il servait; par exemple, on disait flamine de Jupiter (flamen Dialis). Les flamines passaient pour avoir été institués par Romulus et par Numa.
Parmi les flamines officiels, on distinguait les trois flamines majeurs (flamines majores) de Jupiter, Mars, et Quirinus choisis parmi les patriciens, et les flamines mineurs (flamines minores), au nombre de douze pris parmi les plébéiens qui avaient la charge d'autres divinités (Vulcain, Flora, Cérès, Carmenta...)
Presque toutes les villes du Latium avaient leurs flamines particuliers. Les flamines étaient nommés par le grand pontife (donc par l'empereur ultérieurement). De plus, tout collège pouvait avoir son flamine.

❖ Flamine Dialis

Le plus considéré était le flamen Dialis qui avait un siège de droit au Sénat, il avait son licteur et sa chaise curule; il jouissait de la plus grande considération. Mais sa fonction offrait de nombreux inconvénients pour un romain qui n'entendait pas se retrancher de la vie et renoncer à ses plaisirs. Son costume, été comme hiver, en public, était une toge prétexte et un manteau lourd et épais (laena) fait de laine tissé par sa propre femme, puis un bonnet épais en laine (ou en cuir blanc) au sommet duquel était fixée une sorte de tige de bois enveloppée d'un fil de laine dont le bout flottait au gré du vent (apex).
Il était entouré par un certain nombre de tabous: il devait ni monter à cheval ni passer plus de deux nuits hors de chez lui, ni couper les vignes... Logé aux frais de l'Etat, c'est chez lui qu'on allait chercher le feu sacré pour les cérémonies religieuses.
Le flamine Dialis ne pouvait rien toucher d'impur, ni les objets, ni les animaux. Il ne portait rien sur lui qui n'entravait sa liberté de mouvement, ni noeuds, ni chaînette, seules les agrafes, et pour se faire couper les cheveux il devait faire appel à un homme libre qui devait utiliser un outil tranchant en bronze. (voir le texte d'Allu Gelle)

Le flamine devait rester toute sa vie durant l'homme d'une seule femme; Le mariage du flamine et de sa femme symbolisait l'union du couple divin ; il devait être célébré dans les formes les plus solennelles et ne pouvait être dissous par le divorce. Il devait être marié par confarreatio, et si sa femme venait à mourir il perdait sa fonction. Son épouse (flaminica dialis), la flaminique était d'ailleurs elle aussi soumise aux mêmes observances que son époux. Par exemple il lui était interdit de monter sur une échelle de plus de trois échelons en revanche elle pouvait monter des escaliers à condition de ne pas montrer aucune partie du corps.

Flamines
Flamines

Il devait renoncer à l'exercice de toute fonction publique autre que la sienne. Comme tous les ambitieux politiques ne voulaient de cette charge, on prit des malades, ou des incapables ou bien des mauvais sujets dont la famille voulait se défaire. Mais comme on ne trouvait des candidats que difficilement on apporta des dérogation à la règle rigoureuse de non-cumul des fonctions et au dernier siècle de la république, le flaminat pût être associé à l'exercice des charges publiques qui ne devaient pas tenir éloigné de Rome leurs détenteurs.
Sous l'Empire les flamines étaient chargés du culte de l'empereur divinisé.

En ce qui concerne les deux autres flamen martialis et flamen Quirinalis nous savons très peu de choses sur eux et leur fonction sauf que le premier était au service du dieu Mars et le second au service de Quirinus.

 

Voici ce que dit Allu Gelle dans Nuits Attiques (Livre X, § 15) sur les cérémonies observées par le prêtre et la prêtresse de Jupiter.

XV. Cérémonies observées par le prêtre et la prêtresse de Jupiter. Édit par lequel le préteur déclare qu'il n'exigera jamais de serment ni des vestales ni d'un flamine de Jupiter.
Le flamine de Jupiter était obligé à un grand nombre de cérémonies et de rites, que nous trouvons dans les livres qui traitent du sacerdoce public, et dans le premier livre de Fabius Pictor. Voici à peu près ce que je me souviens d'avoir lu dans cet auteur:
« Le flamine de Jupiter ne peut sans crime monter à cheval ; il ne peut voir classem procinctam, c'est-à-dire l'armée sous les armes, hors de l'enceinte des murs. Aussi fut-il rarement nommé consul, lorsqu'il fallait que le consul prît le commandement des armées. Il ne lui est jamais permis de jurer. L'anneau qu'il porte doit être ouvert et creux. On ne peut prendre dans sa maison d'autre feu que le feu sacré. Si un homme lié entre dans sa maison, il faut qu'il soit délié, que les liens soient montés par la gouttière sur le toit, et de là jetés dans la rue. Il n'a aucun nœud sur lui, ni à la tête, ni à la ceinture, ni en aucun endroit de son corps. Si un homme qu'on va battre de verges tombe à ses pieds en suppliant, il ne peut sans crime être frappé ce jour-là. Un homme libre peut seul couper les cheveux du flamine. Une chèvre, de la chair crue, des feuilles de lierre, des fèves, sont des objets qu'il ne peut toucher ; il n'en prononce pas même le nom. Il ne doit pas couper les provins des vignes qui s'élèvent trop haut. Les pieds de son lit doivent être enduits d'une légère couche de boue, et il ne peut en découcher trois nuits consécutives. Personne que lui ne doit y coucher. Il ne doit point placer près du bois de son lit un gâteau dans une cassette. Les rognures de ses ongles, et les cheveux qu'on lui a coupés, sont cachés dans la terre sous un arbre heureux. Tous les jours sont pour lui jours de fête. Il ne doit jamais être sans son bonnet en plein air : il peut rester nu-tête sous son toit, mais il y a peu de temps que les pontifes l'ont ainsi établi. »
(Massurius Sabinus nous apprend qu'on s'était relâché aussi sur d'autres points, et qu'on avait fait grâce aux flamines de plusieurs prescriptions).
« Il ne peut toucher à la farine fermentée; il ne dépouille sa tunique de dessous que dans les lieux couverts, pour ne point paraître nu sous le ciel, c'est-à-dire sous les yeux de Jupiter. Dans les repas, le roi seul des sacrifices se place avant lui. S'il perd sa femme, il quitte ses fonctions; son mariage ne peut se dissoudre que par la mort. Il n'entre pas dans les lieux où on brûle les morts. Il ne touche jamais un mort. Il peut cependant assister à un convoi. Les rites imposés aux prêtresses de Jupiter sont à peu près les mêmes. Elles ont un vêtement de couleur ; elles portent à leur voile un rameau d'un arbre heureux ; elles ne doivent monter que trois degrés des échelles appelées échelles grecques; et lorsqu'elles vont aux Argées, elles ne doivent point peigner ni orner leur chevelure. » J'ajouterai un fragment d'un édit perpétuel du préteur relatif au flamine de Jupiter et aux prêtresses de Vesta: jamais je n'exigerai, dans ma juridiction de serment ni d'une prêtresse de vesta ni d'un flamine de Jupiter. Voici ce que dit Varron sur le flamine de Jupiter dans son second livre Des choses divines: « Lui seul porte un bonnet blanc ou comme marque de sa supériorité ou parce que les victimes qu'on immole à Jupiter sont blanches. »

❖ Flamines mineurs

Pour les divinités moins importantes, voici la liste de leurs flamines par ordre hiérarchique:

Plus deux autres flamines dont les noms ne (me) sont pas connus.
Toutes ces divinités sont d'essence plébéienne ce qui expliquerait la considération moindre qu'on attachait à ces flamines.

Les augustales ou plus précisément les flamines augustales sont un collège de prêtres choisis dans l'ordre sénatorial et chargés d'assurer le culte de l'empereur divinisé.

❖ Frates arvales

Romulus créa avec ses douze demi-frères un collège de flamines spécialisés qui organisaient chaque année des sacrifices en l'honneur de Dea Dia lors de la pleine lune de mai. Lorsqu'un des douze fils mourut Romulus prit sa place pour maintenir leur nombre à douze.
Revêtu de la toge pretexte et le tête couronnée d'épis attachés avec des bandelettes blanches ils participaient a des processions où était chanté le carmen Arvale et ils pratiquaient des sacrifices pour la fertilité des champs.