Le Grenier de Clio : Mythologie polynésienne.

Maui

Maui est un demi-dieu et un héros très populaire dans les légendes orales de la mythologie polynésienne.

Maui est le personnage le plus ancien des légendes introduites en Aotearoa, le pays du long nuage blanc (Nouvelle-Zélande en Maori), par les ancêtres des Maoris. Il est également très connu dans toutes les îles de Polynésie, Mélanésie et Micronésie : l'aire géographique apparentée à cette tradition s'étend de l'île micronésienne Yap, à l'ouest, à Mangareva, dans l'archipel des Gambier, à l'est, puis d'Hawaï, au nord, à Aotearoa, Nouvelle-Zélande, au sud. Une telle distribution suggère une origine pré-polynésienne, ce qui signifierait que ces récits sont racontés depuis 3500 ans, voire plus. Les aventures le concernant sont nombreuses et ce n'est pas sans raison qu'on le surnomme Maui-aux-mille-tours. Dans tout le Pacifique, les légendes de Maui expliquent l'acquisition des éléments nécessaires à la vie, y compris l'accès à la connaissance, la découverte de la terre, l'origine du feu ou le cycle des saisons déterminé par les cycles du soleil. Le récit le plus complet et celui de la Nouvelle Zélande.

Maui et sa famille

Maui pêchant les îles, par Wilhelm Dittmer

Selon la plus connue de ces traditions, celle de Te Arawa, du centre de l'île du Nord, sa mère Taranga épouse de Makea-Tutara chef de l'Au-delà, aurait accouché prématurément alors qu'elle se promenait au bord de la mer. Le corps du bébé n'était pas totalement formé alors elle l'a jeté dans la mer, enveloppé dans son pagne ou dans un panier fait de ses cheveux. Les nymphes de la mer prirent soin de lui jusqu'à ce qu'une terrible tempête le rejette sur le rivage, emmailloté d'algues et harcelé par les goélands et les mouches. Tama-nui-te-rangi l'aurait sauvé et nourri jusqu'à son adolescence. Le nombre de ses frères et sœurs est très variable selon l'origine des mythes mais il passe pour le plus jeune et le plus laid de la fratrie. Le nom de ses frères commence tous par Maui (Maui-Taha, Maui-roto, Maui-Pae, Maui-Whao...)
Une fois adulte, le premier exploit de Maui fut de retrouver sa famille, ce qui met en scène la nature essentielle de l'identité car, dans le monde polynésien, le talent sans l'identité ne suffit pas au succès : en retrouvant ses parents, Maui authentifia ses références ancestrales. Ayant ainsi assuré sa place dans le monde, il se mit en devoir d'acquérir les connaissances de ses ancêtres, car le talent et l'identité sont plus efficaces lorsqu'ils sont équilibrés par la connaissance.

Un jour, accompagné de sa mère, il alla rendre visite à son père dans l'Au-delà qui lui donna sa bénédiction. Mais le rituel fut mal appliqué et Maui ne reçut pas l'immortalité.

Pêcher les îles

Maui hérita de sa grand-mère Muri-ranga-whenua d'un os maxillaire, symbole de connaissance. Il sut tout de suite en faire des hameçons et des armes, débutant ainsi son parcours de héros culturel. A l'aide d'un hameçon magique façonné à partir de cet os maxillaire et d'un appât fait de son sang et de ses cheveux ou d'une de ses oreilles, Maui partit en mer. Grâce à sa formidable force, il pêcha toutes les îles d'Aotearoa, la Nouvelle-Zélande.
La pêche de l'île du Nord par Maui est commémorée par le nom Te Ika-a-Maui (la pêche de Maui — l'île du Nord). L'île du Sud est appelée Te Waka-a-Maui (la pirogue de Maui — d'où il aurait pêché l'île du Nord) et l'île Stewart Te Punga-o-tewaka-a-Maui (l'ancre de la pirogue de Maui). De très nombreux sites géographiques de cette région portent un nom qui rappelle les exploits de Maui.

Secret du feu

Maui arracha le secret du feu des mains de sa grand-mère, Mahuika. (voir une autre légende dans sa page)

Mahuika, la déesse du feu

Maui demanda à ses parents qu’elle était cette lueur éclatante qui brillait au loin à l’horizon. Ils lui répondirent que c’était son aïeule, la déesse Mahuika, qui avait l’étincelle chantante au bout des doigts (des mains ou aussi des orteils) . Avec sa fougue habituelle, Maui déclara qu’il irait la voir pour lui jouer un tour et lui voler ses feux magiques.

Après avoir salué la déesse il la pria de lui donner son feu. Mahuika s’arracha un doigt enflammé qu’elle lui offrit. Maui fit semblant de revenir chez lui mais il jeta le feu dans l’eau où il s’éteignit puis il revint la voir pour demander un peu de feu. A nouveau la déesse s’arracha un doigt en feu qu’elle lui donna qu’il jeta comme précédemment.

Cette comédie se renouvela jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un doigt et que Mahuika prenne conscience du tour que lui jouait Maui. Alors de rage elle arracha son dernier doigt qu’elle lança violemment sur le héros accompagné d’une incantation pour brûler ce bouffon et toute la terre. Devant les incendies qui faisaient rage Maui compris qu’il était en danger et il fit appel aux dieux de l’orage, de la pluie et des tempêtes, Tawhiri-matea et Whatitiri qui eurent tôt fait de noyer les incendies sous un torrent d’eau. Maui s'échappa en prenant l’apparence d'un pigeon. Toutefois quelques graines de feu restèrent dans des arbres qui servaient à faire du feu.

Dans les iles Samoa, Maui porte le nom de Ti’iti’i. Il a rejoint son père Talaga qui travaille sur une terre dans le monde souterrain que lui a donné Mafui’e, le dieu des tremblements de terre. Pour y arriver il a imité la voix de son père en chuchotant devant le mur de séparation ; « O rochers ouvrez-vous, je suis Talaga, je viens travailler sur ma terre donnée par Mafui'e » Dès que son père l’a vu il lui a demandé de l’aider discrètement afin de ne pas mettre Mafui’e en colère.
Comme Ti’iti’i est un garçon observateur et curieux il a vu une fumée s’élevait du feu du dieu. Il est allé le voir et lui a demandé un peu de feu. Ayant reçu le feu il fabriqua un four avec des pierres pour cuire le taro qu’ils avait récolté. Cela ne plut pas du tout à Mafui’e qui démolit le four et s’apprêta à châtier sévèrement Ti’iti’i.
Une lutte sauvage s’engagea et le jeune demi-dieu prit rapidement le dessus et cassa le bras droit de Mafui’e ; il saisit le bras gauche pour en faire autant. Le dieu le supplia de n’en rien faire car il ne pourrait plus conserver l’équilibre des Samoa. Il lui offrit un cadeau de cent épouses que le héros refusa qui lui demanda en échange le secret du feu. Mafui’e lui indiqua que les dieux avait caché le feu dans les arbres et que pour l’obtenir il suffisait de frotter deux bouts de bois l’un contre l’autre.

Ralentir le soleil

Maui rossant le soleil prisonnier

C'est aussi Maui qui ralentit la course du soleil dans le ciel, mettant en place le rythme traditionnel des journées de travail selon les cycles agricoles saisonniers.
Hina se plaignait que son Kapa (robe) n'avait pas le temps de sécher en une journée ou que sa nourriture n'avait pas le temps de cuire et restait crue ce qui lui gerçait les lèvres. Tout ça parce que soleil passait trop vite dans le ciel et que la nuit tombait trop tôt. Maui décida d'intervenir pour que le soleil ralentisse et selon la légende il fit nœud coulant ou un filet très solide avec des lianes, des écorces et des algues sans oublier un cheveu (ou un poil pubien) d'Hina.

Maui et son frère mirent en place le piège, à un endroit approprié, et quand le soleil sortit de son trou il fut capturé. Il essaya bien de bruler le piège mais comme il était bloqué dans le trou il ne pouvait pas utiliser toute sa puissance et le piège était très bien construit. Puis à l’aide de sa mâchoire enchantée Maui rossa le soleil jusqu'à ce qu’il promît de voyager plus lentement dans le ciel pour que tous les habitants de la terre puissent profiter de sa chaleur et de sa lumière. Au moment du crépuscule il arrive de voir un rayon vert, c'est le cheveu d'Hina resté accroché pour que le soleil n'oublie pas promesse.

Le kuri

Maui fournit également aux hommes un compagnon précieux lorsqu'il transforma Irawaru, le mari de sa sœur Hinauri, en chien en étirant son corps et façonnant sa gueule pour l'avoir battu à la pêche ou pour avoir refusé de lui donner sa cape. Hinauri ne voyant pas son mari revenir demanda à Maui où il était. Maui cria "moi! moi!" et le pauvre chien courut vers Hinauri Quand sa sœur aperçut ce qu'était devenu son époux elle se jeta à la mer mais ses frères la repéchèrent.
Le kuri (chien polynésien) a longtemps constitué une ressource de grande valeur à qui on réservait les meilleurs morceaux: sa chair était mangée, sa peau servait à faire des capes et ses os délicats étaient transformés en parures et petits outils. Le capitaine Cook dit que sa chair était aussi gouteuse que celle d'un agneau et qu'il largement répandu en Nouvelle Zélande mais à partir de 1880 le kuri a totalement disparu.

Mort de Maui

Le dernier exploit de Maui fut d’essayer d’obtenir l'immortalité pour l'Homme. Bien que découragé par ses parents, il était déterminé à accomplir cette tâche redoutable. Il partit avec ses amis à plumes, les oiseaux, à rechercher la déesse Hina-nui-te-po (Grande-dame-de-la-nuit). Pour gagner l'immortalité, Maui devait pénétrer en elle en passant entre ses cuisses et ressortir par sa bouche avant elle se réveille. Maui demanda aux oiseaux d’observer un silence absolu tant que sa tâche n’était pas terminée. Malheureusement, alors qu’il était tout proche du but et qu’il pensait réussir, le petit Tiwakawaka, incapable de cacher sa joie plus longtemps, laissa éclater son chant. La puissante déesse se réveilla, et voyant ce qui se passait, écrasa le héros.
Voir la fiche d'Hine-nui-te-po.

Maui et Rohe

Dans un légende peu connue, la déesse Rohe est la femme de Maui. Il la traite de manière cruelle. Si Rohe avait une beauté éclatante, c'était la sœur du soleil, ce n'était pas le cas de Maui à cause de sa naissance. Il désira échanger leur visage ce qui parfaitement possible grâce à ses pouvoirs. Bien entendu elle refusa mais il obtient ce qu'il voulait en récitant une incantation alors qu'elle dormait. A son réveil elle réalisa ce qui lui était arrivé, elle le quitta pour aller dans le Po (les enfers) où elle devint une déesse de la nuit et des esprits.