Le Grenier de Clio : Civilisation grecque.

Mariage

A Lacédémone (Sparte) les hommes ne se mariaient pas avant trente ans et les filles avant vingt. Les filles ne portaient à leurs maris d'autre dot que l'honneur et la vertu.

Ainsi les femmes n'étaient point recherchées pour leurs richesses, mais seulement pour leur beauté, leur agilité et leurs mérites. Le jour donné le jeune époux venait le soir enlever, comme de force, sa fiancée d'entre les bras de sa mère, et la conduisait à sa maison, accompagnée d'une seule femme, que les Latins appelaient pronuba. Aussitôt que la jeune épouse était entrée chez  son époux, cette femme qui l'avait suivie lui coupait les cheveux fort près de la peau, en présence des parents du mari; ensuite elle lui ôtait ses habits et ses chaussures de fille, et lui faisait prendre un habit et des chaussures d'homme. Ainsi travestie, on la conduisait sans lumière au lit nuptial  où on la laissait seule. Il n'y avait point de festin de noce. Après la cérémonie le jeune marié allait souper dans les salles communes avec ceux de son âge, et se couchait seul comme à l'ordinaire ; mais vers le milieu de la nuit, il se levait sans bruit, et allait furtivement trouver sa nouvelle épouse, puis revenait se coucher avec ses compagnons.

Voici ce que raconte Plutarque dans la Vie de Lycurgue.

On se mariait à Sparte en enlevant sa femme, qui ne devait être ni trop petite ni trop jeune, mais dans la force de l’âge et de la maturité. La jeune fille enlevée était remise aux mains d’une femme appelée nympheutria, qui lui coupait les cheveux ras, l’affublait d’un habit et de chaussures d’homme, et la couchait sur une paillasse, seule et sans lumière. Le jeune marié, qui n’était pas ivre, ni amolli par les plaisirs de la table, mais qui, avec sa sobriété coutumière, avait dîné aux syssities (« repas en commun »), entrait, lui déliait la ceinture et, la prenant dans ses bras, la portait sur le lit. Après avoir passé avec elle un temps assez court, il se retirait décemment et allait, suivant son habitude, dormir en compagnie des autres jeunes gens. Et, dans la suite, il faisait toujours de même : il passait le jour et la nuit avec ses camarades et venait chez sa jeune femme à la dérobée et avec précaution ; il craignait et aurait rougi d’être aperçu par quelqu’un de la maison. De son côté, sa femme usait d’adresse et l’aidait à ménager des occasions de se réunir sans être vus. Et ce manège durait longtemps, si bien que le mari avait parfois des enfants avant d’avoir vu sa femme en plein jour. Après avoir mis dans les mariages tant de pudeur et d’ordre, Lycurgue n’eut pas moins de soin d’en bannir la jalousie, sentiment vain et qui n’a rien de viril. Il décida qu’il convenait d’écarter entièrement du mariage la violence et le désordre, et de permettre à ceux qui en étaient dignes d’avoir des enfants en commun [...]. Il était permis au mari âgé d’une jeune femme d’introduire auprès d’elle un jeune homme bien né qu’il aimait et qu’il estimait, et de lui permettre de s’unir à elle pour en avoir un enfant de sang généreux qu’il considérerait comme le sien propre. Il était permis de même à un homme de mérite, s’il admirait une femme féconde et sage mariée à un autre homme, de la lui demander, pour y semer comme dans un terrain fertile et avoir d’elle de bons enfants, nés d’un bon sang et d’une bonne race.

Dans le reste de la Grèce c'était aux pères que l'on demandait les filles en mariage; les mères n'avaient aucune autorité sur ce point. Lorsqu'on était convenu de la dot, et que le contrat était signé, on fixait le jour du mariage, eu prenant soin que ce  jour ne fût du nombre de ceux que l'on regardait comme néfastes. Les cérémonies étaient à peu près les mêmes partout, à quelques différences près.

Les Béotiens conduisaient la nouvelle épouse à la maison de son mari dans un charriot, dont on brûlait l'essieu devant la porte aussitôt qu'elle en était descendue, pour lui faire entendre qu'elle ne devait plus quitter sa nouvelle demeure.

Dans l’île de Cos le fiancé s'habillait en femme le jour de ses noces.

Chez les Macédoniens on faisait manger aux mariés du pain coupé avec une épée. Chez  les Galates ils buvaient pendant le festin dans la même coupe.

Les Athéniens se mariaient ordinairement en hiver, surtout pendant le mois appelé gamétion. Selon Hésiode, le quatrième jour du mois était le plus heureux pour cette cérémonie.  Le mariage était toujours précédé de sacrifices, dans lesquels les devins consultaient la volonté des dieux. Le jour du mariage on faisait au fiancé une espèce de coiffure composée de figues, de fruits de palmier et de légumes. Avec cet ajustement il se présentait dans la maison du père de la fiancée, où il l’enlevait, pour ainsi dire, d'entre les bras de sa mère, et la conduisait chez lui. Alors la mère précédait les époux portant devant eux une torche de pin. Elle était ordinairement accompagnée de jeunes garçons, qui chantaient des chansons en l'honneur de l'hyménée. Après un grand festin, qui se donnait aux parents des époux, on conduisait la nouvelle mariée au lit nuptial. La compagnie retirée, deux troupes de jeunes garçons et de jeunes filles chantaient l'épithalame à la porte de l'appartement.

Tous les mariages en Grèce se faisaient le soir à la clarté des flambeaux ; il y avait un flambeau plus gros que les autres qu'on nommait le flambeau nuptial.

La cérémonie du mariage qui paraît avoir été en usage dès les premiers temps était de mettre la main de la fille dans la main de celui qui l'épousait. Elle était regardée chez les Grecs comme la plus essentielle.