Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Artémis

Artémis (Gr. Aρτεμις; Lat. Artemis) est une des grandes divinités du panthéon grec, qui sera identifiée plus tard à Diane chez les Romains et Aritimi chez les Etrusques. Fille de Zeus et de Léto, elle est la sœur jumelle d'Apollon avec qui elle partage de nombreux traits communs.

Elle fait partie des douze Olympiens. En réalité, il y eut sous ce nom plusieurs divinités très différentes: l'Artémis hellénique, déesse lunaire, est bien différente de l'Artémis sanguinaire de Tauride

❖ Fonctions & Attributs.

Belle et grande jeune femme aux boucles d'or (Hippolyte, Euripide, 73 sqq.) qui dépassait d'une tête toutes ses suivantes, Artémis se plaisait dans les champs, dans les bois et près des sources  elle aimait la chasse, et poursuivait les bêtes fauves. Elle était la déesse de la Chasse mais aussi la patronne des animaux sauvages.

Diane
Diane de Versailles (© Louvre)

Farouche et vindicative, les anciens lui attribuaient certaines morts comme celles des femmes en couches ou des morts subites.

C'est la déesse des jeunes filles vierges qui lui consacrent les objets chers de leur adolescence.

Au moment de se marier, Timaréta t'a consacré ses tambourins, le ballon qu'elle aimait, la résille qui retenait ses cheveux, à toi la Limnatis. Et ses poupées, elle les a dédiées, comme il convenait, elle vierge, à la déesse vierge Artémis, avec ses vêtements de jeune fille. En retour, fille de Léto, étends la main sur la fille de Timarétos, et veille pieusement sur cette pieuse fille.
(Épigrammes poétiques, traduction Pierre Waltz)

Mais c'est aussi la déesse des parturientes qui la remercient lorsque l'accouchement s'est bien terminé.

Des sandales, un magnifique bandeau, une boucle détachée de ses beaux cheveux, frisée et parfumée, une ceinture, ce fin tissu qu'elle revêtait sous sa tunique et l'élégante bande d'étoffe qui soutenait sa poitrine : voilà ce qu'Euphrantê, délivrée par un heureux accouchement du fardeau qu'elle portait dans son ventre, a consacré dans le temple d'Artémis.
(Épigrammes poétiques, traduction Pierre Waltz)

Elle était aussi la protectrice des jeunes enfants et des jeunes animaux.
Elle présidait au chant, escortée par les Muses, les Charites ou les Nymphes.
Elle était la déesse protectrice des Amazones qui étaient, comme elle, chasseresses et indépendantes du joug des hommes.

Diane chasseresse par Seignac

Ses attributs sont l'arc d'or qu'Héphaïstos lui avait spécialement forgé, les flèches, le carquois et plus rarement la lance de chasse.

Les torches (statues du Vatican) rappellent l'effet constradictoire des flammes sur les animaux qui les attirent mais les empêchent d'approcher.

Un croissant de lune orne son front de la déesse qui éclaire la nuit, mais elle ne personnfie pas la lune qui est représentée par Séléné.

Son char aux montants en or était tiré par quatre biches (cerfs) aux bois dorés.

Des animaux comme le chien, le cerf ou la biche étaient souvent représentés à ses côtés auxquels il faut ajouter l'ours, le sanglier (en souvenir d'Adonis et d'Oenée), les pintades (en mémoire des filles de Méléagre) et la buse.

Artémis chasseresse
© M. BOULAD à Deviantart

➤ Cerf (biche)

Lorsqu'elle était enfant Artémis avait aperçu cinq biches aux sabots d'airain (en fait des cerfs, puisque l'animal possède des cornes qui existent seulement chez le male), plus grandes que des taureaux, paissant sur les bords du fleuve Anauros de Thessalie au pied du mont Parrhasion. Le soleil étincelait sur leurs cornes dorées. Elle se mit à les poursuivre et malgré leur rapidité elle parvint à en capturer quatre, successivement en se servant seulement de ses mains et elle les attela à son char ; la cinquième s'enfuit en traversant le fleuve Céladon jusqu'au mont Cérynie; l'animal fut consacé à Artémis et il était interdit de la chasser. Le troisième travail d'Héraclès, commandé par Eurysthée, consistait justement à capturer vivante la biche de Cérynie. Héraclès s'excusa auprès d'Artémis et promit de la remettre en liberté sans verser une goutte de sang.

➤ Chien

Pan offrit à Artémis une meute de chiens de chasse : deux chiens noirs et blancs, trois rouges et un tacheté ; ces chiens redoutables étaient capables de chasser même les lions. Pan lui a également donné sept chiennes de Sparte. Cependant, Artemis n'amenait que sept chiens avec elle à la fois.

➤ Ours

A Brauron (aujourd'hui Vraona, à proximité d'Athènes) un ours apprivoisé par Artémis ciculait librement. Un jour un groupe de filles agacèrent l'ours qui les attaqua. Le frère de l'une des filles tuée transperça l'ours de plusieurs coups de lance, alors Artemis envoya une terrible épidémie pour le venger. Les Athéniens consultèrent un oracle pour savoir comment mettre fin à la maladie. L'oracle indiqua qu'aucune vierge athénienne ne devrait être autorisée à se marier avant d'avoir servi Artémis dans son temple et "joué l'ours pour la déesse".

❖ Surnoms & épiclèses.

Artémis avait demandé à son père d'avoir autant de surnoms que son frère Apollon et effectivement nulle divinité n'en a davantage et ce n'est pas sans raison que Callimaque l'appelle polyônymos (qui a beaucoup de noms).

Je célèbre Artémis aux flèches d’or. Sœur d’Apollon au glaive étincelant, elle se plaît au tumulte de la chasse, et pleine de joie elle perce les cerfs de ses traits. Sur les montagnes, sur les sommets battus des vents, jouissant de tout le bonheur de la chasse, elle tend son arc brillant et lance au loin des flèches dont les coups sont mortels. Les montagnes élevées sont ébranlées jusque dans leurs cimes, et les halliers de la forêt tremblent avec horreur à la voix des bêtes féroces ; la terre et la mer poissonneuse en frémissent ; la déesse, remplie d’un noble courage, vole de toutes parts et renverse la foule des monstres farouches.
Hymnes homériques à Artémis

Outre les épiclèses relatives à ses attributs ou à ses fonctions, de nombreuses autres rappellent sa présence en des lieux.

Diane
Diane par VOUET en 1637
© Hampton Court


Agrotera
 (Αγροτερη) : patronne des chasseurs. Agrotera est aussi la déesse de la guerre chez les Spartiates qui célébraient des sacrifices en son honneur avant de commencer une nouvelle campagne ;
Amarunthia : du nom du sanctuaire d'Amarintos sur l'île de l'Eubée, où étaient célébrées les fêtes d'Amarisie ;
Brauronia : Artémis originaire de Brauron en Attique ;
Cynthia : en référence au Mont Cinthus (Kynthos) son lieu de naissance ;
Delia : née sur l'île de Délos ;
Ennodia (Ἐννοδία) : patronne des routes et des chemins (utilisé aussi aussi pour Hécate et Perséphone) ;
Hagne (Ἁγνη) : chaste et pure
Hêgêmónê (Ἡγεμονη) : conductrice (de danse, de choeur, de char...)
Hemerasia (Ἡμερασια) : Celle qui apaise ;
Heurippa (Ἑυριππα) : qui cherche le chevaux; Ulysse lui aurait construit un temple à Phénée en commun avec Poséidon Hippius, quand enfin il y retrouva ses chevaux perdus ;
Hymnia (Ὑμνιη) : Surnom d'Artémis, qui était vénérée dans toute l'Arcadie. Elle avait un temple près de Mantinée, et sa prêtresse qui était d'abord toujours une vierge, fut violée par Aristocrate. Il fut donc décidé que la prêtresse serait désormais une femme mariée et que son mari ne devait pas avoir de contact avec les fidèles.

Léto, Apollon et Artémis
© British museum


Keladeiné (Κελαδεινη) : Bruyante, car elle mène sa meute de chiens à la voix ;
Khrysêlakatos (Χρυσαλακατος) : à l'arc d'or. Terme utilisé par Homère ;
Kourothrophos (κουροτρόφος,) : Protectrice de la jeunesse (utilisé pour d'autres divinités) ;
Limnatis (Λιμνατις) : des lacs ;
Locheia (Λοχεία) : protectrice de la naissance et les sages-femmes ;
Paedotrophus (Παιδοτροφος) : nourrice des enfants ; la fête des tithénidies lui est consacrée à Amyclès près de Sparte ;
Phoebe : version féminine de Phoebus, Apollon ;
Phôsphoros (Φωσφορος) : porteuse de lumière, de torches (en latin Trivia: celle qui éclaire) ;
Philomeirax (Φιλομειραξ) : amie des jeunes filles ;
Potnia Theron (Πωτνια Θερων) : patronne des animaux sauvages. Terme utilisé par Homère.

❖ Naissance.

Divers mythes avaient cours dans l'antiquité sur la naissance d'Artémis en fonction des contrées où la légende était apparue.

Naissance d'Apollon et de Diane
Naissance d'Apollon et de Diane
Marcantonio FRANCESCHINI
© Liechtenstein Palace, Vienne

D'après un texte d'Eschyle rapporté par Pausanias, les Egyptiens croyaient que la déesse était fille de Zeus et de Déméter ou bien selon Hérodote comme la fille de Dionysos et d'Isis. Cicéron quant à lui rapporte une tradition selon laquelle Artémis aurait été la fille de Perséphone et la mère d'Eros.

La tradition la plus répandue (Théogonie 918) lui donne comme parents Zeus et Léto. Léto, poursuivie par Héra n'avait pu trouver asile nulle part pour accoucher. Elle put enfin terminer son errance dans l'île d'Ortygie, qui ne prit le nom de Délos qu'après la naissance d'Apollon. Cette île flottante fut par la suite fixée au fond de la mer par quatre piliers. (Métamorphoses, VI, 333)

Alors que Rhéa, Thémis, Dioné, Amphitrite et les autres déesses vinrent assister à la délivrance, Ilithyie, la déesse des accouchements et fille d'Héra fut bien difficile à convaincre. Elle naquit le sixième jour du mois Thargélion — un jour avant son frère — Etant la première née, elle participa à la délivrance de son frère et elle crut à partir de ce moment qu'elle avait été choisie par les Moires pour être la déesse des accouchements ce qui explique qu'Artémis présidait aux accouchements, concurremment avec Ilithyie.

❖ Filiation.

Latone
Léto
Zeus
Zeus
Diane
ARTEMIS
Époux* / amant Enfants
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