Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Cydippé & Ctésylla

Deux histoires d'amour pour démontrer le poids de la parole donnée.

❖ Cydippé & Acontios.

Cydippé et la pomme par Paulus BOR
© Rijksmuseum, Amsterdam

De condition modeste, Acontios habitait l'île de Céos, il se rendit un jour à Délos, pour la fête d'Artémis; il y rencontra Cydippé, une jeune fille athénienne de noble famille, dont il s'éprit follement.

Mais Cydippé l'ignorait. Il imagina alors une ruse afin de l'épouser : il écrivit sur un coing (appelé poire de Cydonie à l'époque) ou une pomme, la formule "Je jure, par le temple d'Artémis, de me marier avec Acontios" et fit rouler le fruit vers les pieds de la belle indifférente assise sur les marches du temple.
Intriguée, elle lut l'inscription haute voix, s'apercevant trop tard de la portée du serment involontairement fait car jurer dans l'enceinte d'un temple c'est prendre la divinité à témoin.
Par trois fois, Cydippé tenta de se dérober à sa promesse en se fiançant à un autre qu'Acontios; par trois fois, Artémis, qui n'autorisait aucun parjure, la frappa d'une maladie qui la rendait si hideuse qu'elle faisait fuir ses prétendants.
Le père de Cydippé, ignorant la cause du tourment de sa fille, consulta l'Oracle de Delphes et, apprenant la vérité, loua l'intelligence d'Acontios qu'il maria à sa fille.

Les Héroïdes d'Ovide dont est tirée cette nouvelle sont des lettres d'amour fictives écrites par des personnages qui se plaignent de l'absence et de la froideur de l'être aimé.

❖ Ctésylla & Hermocharès.

Cydippé et Acontios devant l'autel de Diane
Angélique KAUFFMANN

Cette légende est analogue à celle de Hermocharès d'Athènes et Ctésylla de Céos que raconte dans ses "Métamorphoses", Antoninus Liberalis, auteur grec pratiquement inconnu.
Ctésylla était la fille d'Alcidamas de Julis, dans l'île de Céos; Hermocharès l'ayant vu danser aux jeux pythiques en devint épris; il écrivit sur une pomme le serment de n’être qu’à elle, et la jeta dans le temple de Diane, où Ctésylla se trouvait pour célébrer le culte de la déesse. Ayant lu ce qui était écrit sur la pomme, elle fit le même serment. Hermocharès la demanda en mariage à son père, qui la lui promit aussi ; mais un homme plus riche s’étant présenté, il retira sa parole donnée à Hermochares. Ctésylla, qui était aussi devenue éprise d’Hermocharès, alla cependant le retrouver à Athènes, sans le consentement de son père.

Quelques temps plus tard elle mourut lorsqu’elle mettait au monde leur enfant, parce que son père disait-on n’avait point tenu ce qu’il avait promis à Hermocharès. Lorsqu’on l’emporta pour les funérailles, une colombe sortit de son cercueil et s’envola. Comme on ne trouvait plus le corps de Ctésylla, Hermocharès consulta l’oracle, qui lui répondit de bâtir à Julis à Vénus, un temple sous son nom. Les habitants de Céos firent pendant longtemps à cette déesse des sacrifices sous ce nom de Vénus-Ctésylla.