Science-fiction

Selon certains, ce n'est qu'une sous-littérature, tout juste bonne à rassasier l'imagination des naïfs et des jobards, et qu'il conviendra de verser un jour au rayon des vaticinations et des chimères visant à soulever le voile de l'avenir.

Pour d'autres, c'est la seule expression littéraire de notre modernité, de l'âge de la science, la dernière chance du romanesque et peut-être enfin la voie royale, conciliant l'imaginaire et la raison, vers une appréhension critique d'un futur impossible à prévoir en toute rigueur.

Science-fiction.

Xenobio

La science-fiction mérite-t-elle cet excès d'honneur ou cette indignité ? Après tout, il ne s'agit que d'une littérature, on aurait tort de l'oublier. Or, les reproches qu'on lui fait comme les espoirs qu'on place en elle tiennent peut-être à la relation ambiguë de cette littérature à la science et à la technique. Trop de science pour un genre littéraire digne de ce nom, disent bien les littéraires pour qui la culture s'arrête au seuil de la connaissance positive et qui ne comprennent l'intrusion de la science dans le roman que si elle est présentée comme un avatar du mal, dans la lignée du Meilleur des mondes ou d'Orange mécanique. La science-fiction traite la science comme une magie, persiflent d'autres, généralement des scientifiques bon teint. Tandis que certains thuriféraires la prônent comme propre à faire naître la curiosité scientifique, à discuter les conséquences du développement scientifique pour l'avenir de l'humanité. On voit que de tous côtés le débat est déplacé : il ne s'agit plus d'une littérature et du plaisir qu'on y prend, mais d'une querelle sur la place philosophique, idéologique, voire politique de la science dans le monde moderne. Le reproche du manque de sérieux ou de l'excès de sérieux fait à la science-fiction, tout comme l'idée qu'elle est le chaînon manquant entre les deux cultures, la scientifique et la littéraire, renvoient tout uniment à la fonction de la science dans cette littérature. Et le risque de malentendu est alors si grand que l'on conçoit que des écrivains, agacés par cette prétention qui leur est attribuée, aient eu l'ambition de se débarrasser du terme de science-fiction et de le remplacer par celui de fiction spéculative.

La belle et les extraterrestres

Aussi bien la science-fiction ne s'est pas contentée d'utiliser la science comme thème, comme décor ou comme fétiche doté de pouvoirs quasi magiques ; elle a aussi puisé son inspiration dans le bouleversement introduit dans notre société par la science et l'intuition que sans doute ce bouleversement est loin d'être fini ; enfin et surtout, elle a été profondément influencée par la pensée scientifique. Ce que la science-fiction a réellement reçu de la science, ce n'est pas l'occasion d'une exaltation de la technique, mais l'idée qu'un récit, et plus encore une chaîne de récits, peuvent être le lieu d'une démarche logique rigoureuse, tirant toutes les conclusions possibles d'une hypothèse plus ou moins arbitraire ou surprenante. En cela la science-fiction est, modestement ou parfois fort ambitieusement, une littérature expérimentale, c'est-à-dire une littérature qui traite d'expériences dans le temps même où elle est un terrain d'expériences. En d'autres termes, elle ne véhicule pas une connaissance et n'a donc pas de prétention au réalisme, mais elle est, consciemment ou non, le produit d'une démarche créatrice qui tend à faire sortir la littérature de ses champs traditionnels (le réel et l'imaginaire) pour lui en ouvrir un troisième (le possible).

Thèmes

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