Aker.

Aker

Aker (Akerou ou Akeroui dans sa forme plurielle) était une divinité chthonienne, à double corps, qui personnifiait les profondeurs de la terre alors que Geb représentait plutôt le sol et les richesses qu'il produit en surface. Les Akerou en tant que divinités primitives semblent être encore plus anciennes que Geb.

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Dès l'époque primitive, la figure d'Aker était liée à la croyance selon laquelle le soleil, en se couchant à l'Ouest, s'enfonçait sous la terre, provoquant ainsi la nuit pour réapparaître à l'Est après avoir traversé un tunnel. D'où l'idée qu'Aker incarnait le passage entre l'Occident et l'Orient en portant le dieu soleil sur son dos, et son aspect originel représentait une bande de terre avec une tête humaine de profil à chaque extrémité.

Dans les textes de la période du Moyen Empire Aker remplace le dieu Kherty au rôle ambigu, devenant désormais le passeur de Rê dans sa barque nocturne. Aker protège le dieu du soleil lors de son voyage nocturne à travers les cavernes du monde souterrain.

Plus tard, les têtes d'homme furent remplacées par des têtes de lion dans les décorations des cieux d'outre-tombe. Les akerou furent ensuite appelés Sef (Hier) et Duau (Aujourd'hui) et ils se transformèrent en gardiens des portes de l'Au-Delà. Le défunt devait triompher de la surveillance d'Aker, qui assurait ainsi la protection d'Osiris.

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Akerou sur le papyrus d'Imenemsaouf (© Musée du Louvre)

On assista ensuite à une extension de ce concept, et des protomés de lions furent placés devant l'entrées des palais et des tombes, pour protéger les vivants et les morts. Comme chaque extrémité du tunnel était surveillée par un Aker, chacun de ses gardiens devint une personnalité divine. Le concept s'appliqua par la suite à une multiplicité de portes et de gardiens de l'au-delà, en faisant des Akerou de nombreux dieux-terre.

Il protège le défunt des trois démons-serpents Hemtet, Iqeru et Jagu. En protégeant (enterrant) le roi, Aker cache le défunt du souffle toxique des démons-serpents.

Aker était aussi connu pour absorber le poison de l'organisme de toute personne mordue par un serpent venimeux et pour neutraliser le venin dans le ventre d'une personne qui aurait avalé quelque mouche dangereuse.

❖ Textes

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Akerou de la tombe d'Inherkhau

Les Akerou sont présents dans les textes funéraires. Dans le "Texte des Pyramides" ils occupent une place importante où ils apparaissent comme gardiens des portes de l'Au-Delà.

Il est présent dans le "Livre de l'Amdouat", dénomination donnée par Gaston Maspero mais que les égyptiens appelaient le "Livre de la Salle Cachée".
Aker joue aussi un rôle important dans le "Livre des Cavernes".

A partir des décorations de la tombe de Ramsès VI, dans la Vallée des Rois sur la rive ouest à Louxor, de celles de la tombe de Pedamenopet datant de la XXVIe dynastie à El-Asasif, située également sur la rive ouest, et d'un papyrus d'un prêtre d'Amon de la XXIe dynastie, il est même possible de reconstruire un "Livre d'Aker" concernant le voyage du soleil.

J'ai apporté Hier et Aujourd'hui et le soleil levant entre eux, le rugissement du vent et du temps comme deux lions.
Hier et Demain surveillent Aujourd'hui.
Les lions rugissent dans le temple et la terre tremble.
Deux lions s'allongent à mes pieds dévorant les enfants du passé et du futur.

❖ Iconographie

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Akerou sur le papyrus d'Ani (© British Museum)

Aker est symbolisé par deux protomés de lion parfois androcéphale ou simplement par deux têtes d'hommes aux visages opposés.
L'un regarde vers l'Est d'où surgit le soleil, et l'autre vers l'Ouest, où l'astre disparaît pour entamer son voyage nocturne. Les Akerou deviennent les gardiens des portes vers l'Au-delà mais aussi des portes habituelles; cette fonction protectrice donna lieu à la confection de nombreuses amulettes d'Aker à tête de lion confectionnées en or ou en faïence comme le montre la photo ci-dessus.

On peut aussi remarquer que les lions sont tachetés sur certaines représentations sans qu'on sache exactement si c'est une représentation purement graphique ou bien la représentation d'une espèce disparue. Vers les années 1930 on aurait aperçu un couple de lions tachetés au Kenya.